L’HUMAIN EST-IL BON NATURELLEMENT ?

Cette question est aussi sotte que se demander si les bébés naissent en connaissant l’œuvre complète de Platon. Malheureusement, la question est posée par Philosophie magazine dans un article. Avec cette revue, ainsi que ses auteurs, on peut s’attendre à tout.
Une incompréhension de Jean-Jacques Rousseau
Cette interrogation trouve son origine dans le second discours, origine et fondement des inégalités parmi les hommes, de Jean-Jacques Rousseau. Plus particulièrement lorsqu’il aborde l’état de nature. D’emblée, Rousseau précise qu’il s’agit d’une fiction. C’est-à-dire un raccourci historique et didactique pour permettre au lecteur d’appréhender mentalement les possibles origines des servitudes chez les hommes. Il est étrange d’observer que, malgré cette mise en garde, des auteurs, tels que Michel Onfray, sont persuadés fermement que Jean-Jacques Rousseau parle d’un état de nature qui a réellement existé, ainsi que d’un quelconque contrat social que les humains auraient établi entre eux. Ce que, évidemment, ne dit jamais Jean-Jacques Rousseau. Mais, lorsqu’on est philosophe !
Une conception de la bonté, moderne et philosophique
Le concept de bonté est une évolution lente, mais continuelle d’une qualité humaine. Il est impératif pour le lecteur de comprendre que les termes de bonté, de méchanceté, de vertu sont des notions qui diffèrent en fonction des époques, des temps, des philosophes. Ils diffèrent, pareillement, en fonction des contrées, des civilisations, ainsi que des cultures.
Aussi, s’interroger sur la bonté naturelle de l’humain dès sa naissance est une ineptie. Est-ce que l’on s’interrogerait si un enfant nait chrétien, au sens qu’il connaît ses crédos à sa naissance. Ou encore, se demander si à leur naissance les enfants préfèrent Platon ou Aristote. C’est lamentable.
Se demander si l’homme est naturellement bon, consiste à s’interroger, est-ce qu’à la naissance les humains connaissent cette bonté que l’on acquiert, semble-t-il, grâce aux bons soins des philosophes. Peut-être, existe-t-il une méthode dans laquelle les mères font écouter à leur fœtus un enregistrement audio de la République de Platon.
Une conception de la société grossière
L’interrogation sur la bonté naturelle de l’humain s’accompagne de celle de la responsabilité de la société dans ses déviations.
Il s’agit d’une interprétation purement aléatoire et erronée des idées de Jean-Jacques Rousseau tel qu’il les exprime dans l’état de nature. L’état de nature, faut-il le rappeler, est une fiction. Elle représente un survol symbolique de l’évolution humaine. Il n’est nulle question d’une société particulière, mais d’une évolution des influences qu’exercent des humains sur eux-mêmes, plus particulièrement, l’apparition d’un humain plus fort que les autres qui les exploite, ensuite utilise des moyens de rhétorique pour les maintenir dans leur ignorance. Je vous invite à vous procurer au moins deux de mes ouvrages :
– Petites pensées autour de la méchanceté
– Discours sur les influences et la manipulation en Occident
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Le plus navrant consiste en ce que Philosophie magazine prend pour modèle une vision purement occidentale et philosophique des sociétés. Il est question d’un modèle purement fictif et subjectif. Les sociétés et les cultures qui diffèrent dans leur conception sont rejetés. Pourtant, ces philosophes évoquent l’humain en tant que concept universel.
Ibn Toufeyl , le prince des penseurs
Le penseur à avoir répondu de façon magistrale à cette question est Ibn Toufeyl dans son allégorie philosophique, Hay Ibn Yakadane. Ibn Toufeyl est un philosophe, théologien, médecin et soufi arabe musulman qui vécut en Andalousie au XIIe siècle. Dans son allégorie, Hay Ibn Yakadane, un bébé est abandonné dans une île déserte. Il est recueilli par une gazelle qui l’élève comme s’il était son propre fils. Ensuite, Ibn Toufeyl nous montre comment cet enfant découvre les grands principes culturels, philosophiques, spirituels. Ibn Toufeyl émet une autre hypothèse, cet enfant serait né en dehors d’une conception naturelle par père et mère dans cette même ile. Nous sommes au XIIe siècle !
Ibn Toufeyl par l’intermédiaire de sa fiction eut une influence sur Leibniz, sur John Lock. Cette allégorie à sa parution fut un immense best-seller. Avec Ibn Toufeyl, ainsi qu’avec les penseurs arabes musulmans de l’Andalousie, nait la pensée moderne.
Pour ceux qui voudraient découvrir la fiction, Hay Ibn Yakdan de Ibn Toufeyl, je vous invite à vous procurer mon ouvrage disponible sur Amazon :
Ibn Tofeyl, Hay Ibn Yakdane, conte philosophique
Finalement
Globalement, les philosophes abordent quelques questions qu’ils pensent majeures en fonction de leurs mondes intérieurs, de leurs états d’âmes, voire de leurs anxiétés. Probablement, ont-ils contribué dans la généralisation de quelques détresses.
Il est temps de tourner le dos à des penseurs d’une époque révolue. Je vous invite à retrouver l’ensemble de mes publications disponibles en tant qu’auteur indépendant sur Amazon.
Article de Philosophe Magazine ICI
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